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Les Alumni racontent leur école

08 octobre 2019
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Six générations d'élèves de l'école nous racontent à travers leur passage à ESCP Europe, leur époque, celle à laquelle ils étaient étudiants. Des souvenirs drôles, émouvants qui s'inscrivent aussi bien dans l'histoire de l'école que dans l'histoire contemporaine et la pop culture.

 

 

  A découvrir dans notre magazine spécial bicentenaire 

 

 

 


Carine de Boissezon (98) a récemment été nommée directrice du développement durable chez EDF.

 

Quel a été votre parcours avant et après l’école ?
Léon CLIGMAN (38) : À mon époque, nous avions 14 ou 15 ans lorsque nous entrions à l’école. Il n’y avait pas de prépa. Nous y restions environ 4 à 5 ans. Il y avait une première section puis une seconde section que je n’ai pas pu terminer parce que j’avais été mobilisé. Et à la fin de la guerre, je me suis vu remis un diplôme d’honneur. Après une expérience à Atlanta dans une fabrique de vêtements et de chemises, ma vie professionnelle a réellement démarré en France. Suite au décès de mon père, j’ai repris l’affaire familiale que j’ai développée. Très vite, je me suis retrouvé avec quelques dizaines de milliers de fiches de paie à régler à la fin de chaque mois. Il m’a fallu travailler très dur pour toutes les couvrir !

Robert CLERGERIE (58) : Fils d’épicier, j’ai découvert très tôt le monde du travail. De 14 à 24 ans, j’ai, en effet, travaillé au côté de mon père dans l’épicerie familiale. Cela me faisait râler, mais avec le recul cela a été très formateur et m’a permis de connaître le petit peuple, de l’estimer et de ne jamais le mépriser.
À l’école, j’ai fait l’option finance. J’ai effectué mon stage en Finlande dans une coopérative de production de fromage. Dans mon rapport, j’ai développé une analyse plutôt critique du système coopératif. Mon professeur d’économie politique, qui je pense, était socialiste, ne partageait pas mes idées et m’a même foutu une bulle ! Mon diplôme en poche, je suis parti au Mexique, une véritable aventure ponctuée par la traversée de l’Atlantique, puis des États-Unis en car.
Un an plus tard, l’armée m’a rappelé et je suis parti en Algérie. Fils de commerçant, diplômé d’une école de commerce plutôt à droite, j’étais alors plutôt Algérie française. Et oui, nous sommes tous victimes de notre milieu. Mais dès mon arrivée, j’ai vite compris qu’on ne tuait par les idées avec des armes. Cette expérience m’a apporté la tolérance, une qualité qui m’a beaucoup servi au cours de ma carrière.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : Je suis Portugais et j’avais fait toutes mes études primaires et secondaires au lycée français Charles Lepierre à Lisbonne. Après le bac, j’ai fait une prépa au concours. J’ai été reçu à l’oral HEC mais je me suis désisté parce que l’emplacement du nouveau campus ne me plaisait pas. J’ai donc opté pour Sup de Co Paris. Après mes études, de retour au Portugal, j’ai travaillé pendant quelques mois le
groupe familial avant de rejoindre un groupe pétrolier portugais dont je suis devenu PDG en 1973. Suite à la Révolution des Oeillets au Portugal en 1974, je suis part aux États-Unis où j’ai tout recommencé à zéro. J’ai alors travaillé au sein de Philipp Brothers jusqu’en 1985 date à laquelle j’ai créé ma propre société de trading Sigmoil Resources qui est ensuite devenue Argus Ressources.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : Après une prépa à Poitiers, j’ai fait ma première année à Paris, la seconde à Oxford et la troisième à Düsseldorf. J’habite à Londres depuis la sortie de l’école et aujourd’hui, je gère une agence de marketing et de communication.

Carine DE BOISSEZON (98) : J’ai eu un parcours assez classique. Je suis entrée à l’école après une classe préparatoire. J’y ai passé quatre ans avec une alternance entre la seconde et la troisième année, puis un stage à l’étranger en dernière année.

Christian KOLLER (18) : Après un Bachelor en Business Administration à l’Université de Mannheim et une année chez Adidas, j’ai intégré le master en management d’ESCP Europe sur le campus de Madrid pendant les deux premiers semestres en 2016. J’ai réalisé mon stage pendant l’été 2017 au département stratégie de l’équipe de football américain, les Red Bull, à New York. À la rentrée, j’ai repris les cours pendant un semestre à Berlin puis à Paris où j’ai terminé mon cursus jusqu’à l’obtention du diplôme en juin 2018.

 

 
Après une carrière dans le secteur du textile, Léon Cligman (38) est aujourd'hui l'un des doyens de notre communauté.

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Quels étaient les métiers à la mode à la sortie de l’école ?
Robert CLERGERIE (58) : Beaucoup de mes camarades se sont orientés vers l’industrie pharmaceutique et la chimie. Une large majorité s’est aussi dirigée vers la banque.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : À la fin des années 60, c’était essentiellement le marketing et le commerce international.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : En 1978, il n’y avait pas d’internet et de numérique, alors que l’informatique en était encore à ses premiers balbutiements.
Le coaching n’était pas non plus à la mode. Nous nous lancions donc tous dans des filières tassez traditionnelles comme le marketing. Il y avait aussi la finance, la gestion de l'entreprise et du personnel, car à l’époque les RH n’existaient pas non plus !

Carine DE BOISSEZON (98) : L’audit bien sûr ! D’ailleurs, à l’époque Arthur Andersen était encore un des principaux sponsors du BDE. Il y avait aussi le métier de banquier d’affaires qui attirait beaucoup les jeunes diplômés.

Christian KOLLER (18) : En 2018, on retrouve encore parmi les choix des diplômés de grandes écoles de commerce des fonctions assez traditionnelles : conseil en management, banque, product management ou encore le monde du luxe.

 

Quels étaient les métiers à la mode à la sortie de l’école ?
Robert CLERGERIE (58) : Beaucoup de mes camarades se sont orientés vers l’industrie pharmaceutique et la chimie. Une large majorité s’est aussi dirigée vers la banque.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : À la fin des années 60, c’était essentiellement le marketing et le commerce international.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : En 1978, il n’y avait pas d’internet et de numérique, alors que l’informatique en était encore à ses premiers balbutiements.
Le coaching n’était pas non plus à la mode. Nous nous lancions donc tous dans des filières tassez traditionnelles comme le marketing. Il y avait aussi la finance, la gestion de l'entreprise et du personnel, car à l’époque les RH n’existaient pas non plus !

Carine DE BOISSEZON (98) : L’audit bien sûr ! D’ailleurs, à l’époque Arthur Andersen était encore un des principaux sponsors du BDE. Il y avait aussi le métier de banquier d’affaires qui attirait beaucoup les jeunes diplômés.

Christian KOLLER (18) : En 2018, on retrouve encore parmi les choix des diplômés de grandes écoles de commerce des fonctions assez traditionnelles : conseil en management, banque, product management ou encore le monde du luxe.

 

 
 

 Robert Clergerie (58) est un créateur de chaussures, fondateur de la marque éponyme, qui compte 21 magasins dans le monde entier.

 

 

Un cours qui vous a marqué ?
Léon CLIGMAN (38) : J’ai surtout eu de très bons professeurs. Nous avons reçu à l’école une formation solide qui nécessitait de travailler très dur et qui m’a appris la discipline et l’efficacité.

Robert CLERGERIE (58) : Je me souviens de mon professeur de droit civil, Monsieur Gaveau, qui m’a permis de réaliser que dans les conflits les relations émotives n’ont pas leur place. Lors de son premier cours sur les contrats, il nous avait expliqué la différence entre un contrat et le compromis. Victor Le Francié est le second professeur qui m’a marqué. Un brillant mathématicien qui refusait la discipline de l’école et qui avait énormément d’humour.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : J’ai trouvé le cours d’économie politique du Doyen Dehove exceptionnel.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : Je me souviens plus particulièrement du cours d’immersion culturelle qui nous avait été dispensé par nos professeurs anglais,
nos « tutors » à notre arrivée sur le campus d’Oxford. Ils avaient alors à coeur de nous faire découvrir la vie et la culture britannique en organisant notamment des visites guidées. Dans ce cadre, nous nous sommes rendus dans les coulisses d’une grande salle de concert londonienne où les orgues venaient juste d’être rénovés et où nous avons eu la chance d’assister à un concert privé donné par un organiste en répétition. En outre, un de mes tuteurs qui avait découvert que j’allais passer un weekend dans le Yorkshire avait organisé pour moi la visite privée d'une brasserie de la région.

Carine DE BOISSEZON (98) : Le cours de philosophie et de théologie de Philippe Nemo sans aucune hésitation. Je ne pensais pas pouvoir suivre un tel cours en école de commerce !

Christian KOLLER (18) : Au quotidien, je m’appuie beaucoup sur ce que j’ai appris dans le cours de Brand Management. Au sein de Lagardère Sports, je suis en charge du développement des marchés et de la stratégie de marque pour les clubs européens en Chine et aux États-Unis. Mes acquis me permettent de mener à bien mes différentes missions qui tournent autour de l’élaboration et de la conception de la marque, de son identité et de son positionnement.

 

Quelle chanson a marqué vos années étudiantes ?
Robert CLERGERIE (58) : Georges Brassens était très à la mode à l’époque tout comme Elvis Presley.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : J’aimais beaucoup « All you need is love » des Beatles.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : Mes goûts musicaux ont été très influencés par mon passage au Royaume-Uni. Les principaux groupes de l’époque étaient notamment les Rolling Stone que j’avais vu en concert à Paris, ou encore Queen. J’ai aussi été particulièrement marquée par « Besoin de Personne » de Véronique Sanson, une chanson qui symbolise pour moi cette période marquée par le mouvement de libération des femmes avec notamment les premières femmes admises dans les grandes écoles de commerce parisienne.

Carine DE BOISSEZON (98) : « Sing Hallelujah » de Dr Alban qui accompagné mes années à l’école. On la chantait régulièrement au BDE et elle a rythmé nos soirées au Palace.

Christian KOLLER (18) : Il y en a eu plusieurs. Par exemple, à Madrid, c’était « Turn the Music Louder » d’Enrique Iglesias. À New York, où les gens écoutent plutôt du RNB et du Hip Hop, c’est plutôt des sons de DJ Khaled ou encore « Congratulations » de Post Malone.

 Annick Devillard (78) dirige actuellement The Rooster, agence de marketing et communication après toute une carrière à Londres.

 

 

À quoi ressemblait la vie étudiante pour vous ?
Léon CLIGMAN (38) : J’en garde de bons souvenirs. C’était très sympathique. Régulièrement avec de très bons copains, nous nous rendions à la cité
universitaire, au pavillon américain, pour danser. Nous descendions aussi toute l’Avenue de la République pour nous retrouver sur la place dans un café pour boire un jus  de fruit.

Robert CLERGERIE (58) : Je n’ai pas eu la chance de connaître et de profiter de la vie étudiante. Contrairement à mes collègues de province, j’habitais à Paris avec mes parents et je ne disposais donc par de la même liberté. Enfin, quand je n’avais pas cours j’aidais mon père à l’épicerie. C’était vraiment à l’école que je me réalisais !

 

 

 

 
 

Annick DEVILLARD (EAP 78) : L’EAP a été une expérience extraordinaire. Nous étions une petite promo d’à peine une quarantaine de personne. Notre voyage commun au Royaume‑Uni puis en Allemagne a resserré à jamais les liens qui nous unissait. Sur un plan plus personnel, pour une jeune provinciale qui avait fait sa classe prépa à Poitiers, c’était invraisemblable de se retrouver à Paris dans le XVIIe puis sur le campus d’Oxford et enfin à Düsseldorf où les murs en béton de l’université contrastaient avec le charme de la veille ville. Après ce parcours, tout est possible !

Carine DE BOISSEZON (98) : Elle n’a pas été totalement insouciante pour ma part. je travaillais, en effet, à la cafétéria de l’école. C’était même assez stressant
de servir les étudiants en manque de caféine pendant les pauses. Parce que je venais d’une école prépa qui ne rentrait personne à ESCP Europe, je n’avais aucune connaissance en arrivant à l’école. Il m’a fallu du temps pour créer mon propre cercle avec lequel j’ai maintenu le contact après les études.

Christian KOLLER (18) : La vie étudiante à ESCP Europe n’a rien à voir avec celle dans les autres écoles de commerce. En deux ans, j’ai vécu dans 4 pays différents. C’est une expérience multiculturelle unique. Aujourd’hui, où que j’aille en Europe, je connais forcément quelqu’un.

 
Diplômé en 2018, Christian Koller travaille actuellement chez Lagardère Sports à Hambourg.

 

 

Comment avez-vous trouvé votre premier travail ?
Robert CLERGERIE (38) : À mon retour du Mexique et d’Algérie, il y avait comme un décalage entre le système et moi-même. Grâce à une relation de mon père, j’ai trouvé un premier job minable qui ne me plaisait pas et où je n’avais rien à faire. J’ai quitté ce poste et j’ai rejoint dans le Midi une filiale de la Compagnie Générale des Eaux pour vende des tuyaux d’assainissement et de drainage pour les commune et autoroute. Au bout de quelques années, j’ai rejoint Charles Jourdan à la direction d’une de ses filiales avant de reprendre une affaire en difficulté en 1978. Après le lancement de plusieurs collections, les choses ont véritablement démarré en 1981 sous le nom de marque Clergerie. Et à partir de là, j’ai eu une vie professionnelle riche en expérience, en rencontres et en voyages.Il n'y a pas de plan de carrière. C’est absurde de penser comme cela. La vie professionnelle est le fruit du hasard et de la nécessité.

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : J’avais tout simplement rejoint le groupe familial pour ma part.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : J’ai trouvé mon premier job à Londres dans les petites annonces dans un journal. J’avais sélectionné deux offres qui recherchaient des profils qui maîtrisaient la langue française. J’ai choisi de rejoindre le marketing d’une marque de cosmétique américaine qui venait de rassembler l’ensemble de ses équipes marketing à Londres. J’ai ainsi débuté ma carrière dans une ambiance cosmopolite électrique. Je ne suis d’ailleurs jamais rentrée en France et aujourd’hui, toujours à Londres, je gère une agence marketing et communication.

Carine DE BOISSEZON (98) : Grâce à mon stage en dernière année ! J’ai alors découvert la banque d’affaires et plus particulièrement un de ses métiers : la recherche action. Contrairement à la plupart des diplômés de grandes écoles de commerce, je ne voulais pas faire de M&A. J’ai capitalisé sur mon réseau pour trouver une opportunité dans ce secteur, mais à l’international.

Christian KOLLER (18) : J’ai fait le choix de ne pas rejoindre un des secteurs de prédilection des diplômés de grandes écoles de commerce. J’ai décidé de suivre ma passion et mes rêves de petit garçon en travaillant dans le monde du sport. J’ai postulé dans tous les clubs de football européens et les sociétés de marketing sportif opérant à l’international. Finalement, j’ai rejoint Lagardère Sports.



Dans quelle(s) association(s) avez-vous été actif(ve) ?
Léon CLIGMAN (38) : Aucune ! À la fin des années 30, il n’y avait tout simplement pas d’associations.

Robert CLERGERIE (58) : Si je n’avais pas le temps de m’investir dans une association à cause de mes obligations familiales, j’ai néanmoins fait de l’aviron
à l’école. Avec mes copains, nous avons été champion de France. Je me souviens aussi que nos principaux concurrents étaient les Polytechniciens !

Patrick MONTEIRO DE BARROS (68) : J’ai été vice-président du BDE responsable des relations publiques et des évènements. J’avais organisé un match de foot qui a eu lieu à l’ancien Parc des Princes juste avant sa destruction. Nous avions réussi à faire venir un grand club portugais, Benfica, champion d’Europe à deux reprises. Avant le match, l’équipe de l’école avait joué contre les Polymusclés avec Jean-Paul Belmondo, Claude Brasseur ou encore Sacha Distel. J’ai aussi créé Sup de Co voile, mon sport de prédilection. J’avais d’ailleurs eu pendant mes études la permission de sauter les cours pour défendre les couleurs de l’école.

Annick DEVILLARD (EAP 78) : À Paris, avec quelques camarades, nous avions organisé un Cinéclub. Nous allions jusqu’à Montmartre chercher les films que nous allions visionner. Il n’y avait pas de VHS ou de DVD à l’époque. Il nous fallait récupérer 4 à 5 grosses bobines par film. Lors d’une projection, nous avions choisi un film un peu mou, où il n’y avait pas assez d’action. Nous avions alors inversé les bobines et personne dans l’assistance ne s’en était rendu compte … Enfin, sur le campus d’Oxford, les étudiants n’ont que l’embarras du choix face aux centaines de « societies » et clubs qui rythment la vie du campus. La plus célèbre association était L’Oxford Union qui était alors présidée par Benazir Bhutto.

Carine DE BOISSEZON (98) : Il y a eu l’AIESEC, qui a vraiment eu un impact significatif sur ma carrière avec notamment l’ouverture sur l’international, et une autre association qui permettait aux étudiants de l’école de bénéficier de tarifs avantageux Avenue de la République pour le permis de conduire. ❙

 


Patrick Monteiro de Barros (68) est un entrepreneur portugais qui a mené une carrière internationale dans l'industrie du pétrole.

 

 

 

Ces témoignages ont été recueillis et
enregistrés grâce à Entoureo, start up fondée
par Thomas DELAGE (14), pour renforcer
les liens intergénérationnels et préserver
l’histoire des familles à travers ses aïeuls.

 




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